40.464 milliards de francs congolais. C’est un peu plus de 16 milliards USD au taux actuel du FC, soit la même hauteur en dollars américains que le budget 2023, chiffré à un peu plus de 32.457 milliards de FC.
Certains parlent d’un bon important, si l’on ne s’en tient qu’aux chiffres en FC, soit un accroissement de 24,7% par rapport au budget 2023. D’autres, des sceptiques, mettent en avant une sorte de stagnation, si l’on prend en compte le taux de change du FC par rapport au dollar américain.
Il semble que Félix Tshisekedi ne peut aller au-delà. L’environnement économique mondial ne serait toujours pas favorable après le terrible coup qu’il avait subi du fait des ravages du convid-19 de 2019 à 2022. 16 milliards seulement (?) pourrait-on être tenté de dire pour un pays si vaste avec ses 100 millions d’habitants et ses immenses richesses minières.
Dans son projet de société de 2018, Félix Tshisekedi prévoyait de réaliser 86 milliards USD de budget sur dix ans, soit un peu plus de 8,6 milliards par an. A mi-parcours, combien a-t-il pu mobiliser concrètement ? Sans doute pas 43 milliards USD. Lui qui brigue un second mandat, devrait avoir plus d’arguments pour convaincre les électeurs de lui accorder leurs voix pour un nouveau bail de cinq ans. Au rythme de 16 milliards effectifs sur les cinq prochaines années, il pourrait atteindre les 86 milliards envisagés en 2018 et peut-être même les dépasser. D’où, sans doute les 16 milliards brandis pour 2024.
Quoi en faire ?
Il ne suffit pas de mobiliser plus que les 86 milliards USD escomptés sur dix ans, encore faut-il bien les répartir afin que tous les Congolais en ressentent les effets positifs sur leur vécu quotidien.
Pour l’heure, la gratuité de l’enseignement de base en vigueur depuis 2020, la gratuité de la maternité récemment lancée à Kinshasa comme un début de concrétisation de la couverture santé universelle, le programme de développement des 145 territoires, sont certes des avancées, mais il en faudra davantage pour impulser le développement du pays. Et, 16 milliards USD semblent si peu face aux nombreux défis à relever sur le plan des infrastructures. Sur ce point, le pays est à construire et non pas à reconstruire. Si les produits agricoles pourrissent dans des centres de production faute de voies d’évacuation vers les agglomérations de consommation, on peut se faire une idée du niveau des besoins dans ce secteur.
16 milliards USD projetés en 2023 et 16 milliards fixés comme objectif pour 2024, peuvent paraîtra énormes pour un pays qui atteint de tels chiffres pour la première fois de son histoire. Il reste tout de même à savoir combien a été mobilisé effectivement en 2023 avant de crier victoire. Il ne suffit pas de faire des projections, encore faut-il réaliser les chiffres mirobolants présentés.
On attendra avec impatience de connaître la hauteur des fonds mobilisés jusqu’au mois de septembre 2023 dans le rapport d’exécution du budget. C’est là une exigence légale contenue dans la loi relative aux finances publiques. Celle-ci impose au gouvernement de présenter un rapport d’exécution du budget en cours comme document devant accompagner le projet de loi de finances de l’année qui suit.
Face aux autres prétendants au trône en 2018 – avant le désistement de certains d’entre eux – qui présentaient des chiffres pharaoniques en termes de fonds budgétaires à mobiliser en cinq ans (100 milliards pour Moïse Katumbi, 114 milliards USD pour Vital Kamerhe, 80 milliards USD pour Jean-Pierre Bemba…), Félix Tshisekedi semble avoir été modeste et prudent à l’époque. Il prévoyait certes 86 milliards USD à mobiliser, mais sur dix ans et non cinq ans. Pourquoi dix ans ? Était-il sûr d’avoir deux mandats plutôt qu’un seul ?
Si sa relative prudence sonne comme une circonstance atténuante, Félix Tshisekedi, candidat à sa propre succession, n’a néanmoins pu apporter tout le bien-être qu’attendent les Congolais. Les chiffres présentés comme des performances remarquables ne sont que des chiffres, qui sont loin de se manifester dans le panier de la ménagère. Les fonctionnaires, les enseignants, les médecins, les infirmiers, les policiers, les militaires veulent du concret. 4 milliards USD de réserves de change ne représentent rien pour eux, si ces chiffres n’ont aucun impact sur leur existence immédiate. Le second bail de Félix Tshisekedi apportera peut-être des solutions à ces attentes légitimes.
N’tombo Lukuti