Le monde entier célèbre ce 28 septembre, la journée mondiale du droit à l’avortement. En cette année 2023, le droit à l’avortement est loin d’être acquis dans le monde. En dépit des recommandations de l’ONU, de nombreux pays continuent à en restreindre l’accès ou pire à l’interdire complètement.
En République démocratique du Congo, des progrès sont réalisés en termes d’avortement ces quinze dernières années, partant de 2008 où le pays a signé le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits de la femme en Afrique communément appelée Protocole de Maputo. Et la ville province de Kinshasa enregistre plus de 400 cas d’avortements à risque par jour, selon des nouvelles statistiques.
Malgré toutes ces avancées, les chiffres demeurent alarmants. La plupart de femmes et jeunes filles, par ignorance ou par peur préfèrent recourir à des avortements à risques.
Une étude de l’Institut Guttmatcher et de l’Ecole nationale de la santé publique indique qu’en 2016, 146 700 avortements à risques ont été réalisés à Kinshasa, soit plus de 400 avortements par jour. Ceci représente un taux d’avortement de 56 pour 1000 femmes en âge de procréer (15–49 ans), qui est bien plus élevé que le taux régional global dans le Centre de l’Afrique de 35 pour 1000 femmes en 2010–2014.
L’avortement à risques est la deuxième cause de mortalité maternelle en RDC, après les hémorragies. Signé par 52 pays africains dont la RDC, le Protocole de Maputo légalise, dans son article 14 alinéa 2, l’avortement en cas de viol, inceste ou quand la grossesse affecte la santé de la mère ou du bébé. Par contre, l’avortement en soi, reste une infraction en RDC.
Malgré ces différentes dispositions légales, la RDC fait face à plusieurs barrières. D’un côté, les coutumes, les églises et de l’autre côté, les populations qui considèrent l’avortement comme « un péché » qui ne mérite aucune excuse.
Il sied de signaler que le ministre congolais de la santé a signé les normes et directives des soins complets d’avortement centrés sur la femme qui s’adressent aux prestataires. Aussi, beaucoup d’autres documents au ministère de la santé qui ont été développés.
Il s’agit entre autres, de développement des indicateurs inclus dans le système de gestion des informations sanitaires ainsi que des modules de formation pour les formateurs et des prestataires qui sont déjà validés et en cours d’utilisation.
En outre, au ministère de la justice, un Guide pour les magistrats a été élaboré et en cours de validation. Il va permettre la formation de nouveaux magistrats pour qu’ils soient informés de l’existence du Protocole de Maputo. La même chose pour les étudiants dans les facultés de médecine, des sciences infirmières et obstétriques vont désormais recevoir des cours sur l’avortement sécurisé.
Outre cela, la communication reste également un élément clé dans ce secteur où règne la désinformation. Le gouvernement congolais est donc appelé à intégrer les soins complets d’avortement dans la stratégie nationale de couverture santé universelle.
Génie Mulobo