Dans les rues animées de Kinshasa, on ne peut manquer de remarquer la présence croissante de personnes handicapées mendiant pour subvenir à leurs besoins. Ce phénomène, loin d’être anodin, soulève de nombreuses questions sur les défis auxquels font face ces citoyens vulnérables de la capitale congolaise.
Selon Marie, une femme aveugle de 42 ans rencontrée au carrefour de Kintambo, la mendicité est souvent le seul moyen de survie pour de nombreuses personnes handicapées.
“Avec mon handicap visuel, il m’est très difficile de trouver un emploi stable. Les entreprises hésitent ou ne veulent pas prendre le risque de nous engager, préférant embaucher des personnes valides. Alors je n’ai pas d’autre choix que de mendier pour nourrir ma famille“, confie-t-elle, la voix empreinte de résignation.
Fâché par cette situation, Serge Mbuyi, un militant associatif, s’emporte : “C’est une honte ! Comment peut-on laisser ces personnes, qui ont autant à offrir, réduites à mendier dans les rues ? Le gouvernement et les entreprises doivent assumer leurs responsabilités !” Selon lui, le manque criant d’opportunités économiques et d’inclusion sociale est le principal facteur derrière ce phénomène.
“Malgré les programmes censés aider les personnes handicapées, rien n’a vraiment changé sur le terrain. Les entreprises continuent de les discriminer, par méconnaissance ou par pur mépris. C’est inacceptable !” s’insurge Serge Mbuyi. Il appelle à une mobilisation urgente des autorités et de la société civile pour remédier à cette situation.
Cette situation a un impact négatif sur la dignité et l’estime de soi des personnes concernées. “Mendier n’est pas un choix, c’est une obligation pour subvenir à nos besoins de base. Cela nous prive de notre autonomie et de notre liberté“, déplore Marie. De plus, les personnes handicapées font souvent l’objet de préjugés et de discrimination, rendant leur intégration socio-économique encore plus difficile.
Face à ce constat, Serge Mbuyi exige des actions concrètes et immédiates. “Il faut renforcer les programmes de formation professionnelle, faciliter l’accès à l’emploi et lutter sans relâche contre les discriminations. Sinon, ces citoyens resteront condamnés à la mendicité, privés de leur dignité !” martèle-t-il.
Au-delà des enjeux économiques, c’est toute la question de l’inclusion sociale des personnes handicapées qui est en jeu. Un défi majeur pour la capitale congolaise, qui se doit de garantir l’égalité des chances à tous ses habitants, quels que soient leurs handicaps.
Elie Ngandu
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