Le vendredi 22 novembre, l’Institut Français du Congo a été le théâtre d’un événement musical inoubliable : un concert exceptionnel de la slameuse Mwassi Moyindo. Cette dernière, qui a réuni un public enthousiaste, a offert une véritable escapade poétique, propulsée par l’univers de son dernier EP N’laku, sorti en juin 2024. Entre slam, danse et énergie contagieuse, Miss Zala Yo a maîtrisé la scène, captivant tous ceux venus célébrer son art.
Une soirée vibrante autour de l’EP N’laku
Dès les premières notes, l’atmosphère s’est enflammée avec l’interprétation de l’ensemble des titres de son dernier projet. Le public a été particulièrement marqué par des morceaux tels que « Reste », un hymne à l’amour du Congo, où Mwassi Moyindo, confrontée à la tentation de l’exil, choisit de « rester » pour rappeler l’importance de ses racines. Elle a également conquis la scène avec « Belle », un titre glamour qui évoque les attentes sociétales autour de la féminité et le besoin de s’affirmer en tant que femme. La chanson « Naza sé wa yo », dédiée aux couples, et « Pause », qui a clôturé la première partie du concert, ont également suscité une vive émotion chez les spectateurs.
Un des plus beaux moments de la soirée a été la projection exclusive du clip de « Ya ngo », un morceau poignant tiré de l’EP, où Mwassi se fait l’écho d’une jeune fille en quête de beauté et de reconnaissance, un appel à l’acceptation de soi face aux jugements extérieurs.
Des duos inédits et un moment légendaire avec Zao
Le concert de Mwassi Moyindo n’a pas été un simple récital. L’artiste a enflammé la scène avec des duos exceptionnels, mettant en lumière la fraternité et la solidarité entre artistes. Parmi les collaborations les plus mémorables, celle avec Nestelia Forest, une chanteuse congolaise, a offert un vibrant hommage à la solidarité féminine, alliant la puissance du slam de Mwassi à la voix soul et chaleureuse de Forest. Les duos se sont enchaînés avec des performances mémorables, comme celui avec Sosey, Aris Slam, ou encore avec Biomans pour interpréter « Ko yoka moto te ».
Mais le clou du spectacle a été la présence de Zao, l’une des légendes vivantes de la musique congolaise. Ce moment magique, où Mwassi Moyindo a repris le titre mythique « Moustique » aux côtés de la star, a littéralement électrisé la salle. Les deux artistes, d’origines et d’arts complémentaires, ont fusionné leurs voix et leur énergie pour offrir une performance d’anthologie, marquée par un symbole fort de transmission intergénérationnelle. La rencontre de ces deux talents, l’un portant l’héritage du Congo et l’autre en pleine ascension, a transcendé le concert, donnant au public un instant d’une rare intensité. Ce duo avec Zao restera assurément un des moments les plus emblématiques de la soirée, un hommage à la fois à la musique congolaise et à la fraternité artistique.
Le duo avec Dalie Dandala sur « Ngiena » a également créé un moment de complicité parfaite, où les deux artistes ont fusionné leurs talents pour offrir une prestation magistrale. Dalie, l’une des invitées phares de la soirée, a confié après le concert que partager la scène avec Mwassi Moyindo était un moment particulièrement significatif pour elle. « Être sur scène avec Mwassi représente beaucoup, non seulement parce qu’on est deux femmes, mais aussi parce que l’on partage une véritable solidarité artistique. Même si nos styles sont différents, on forme un excellent duo », a-t-elle souligné.
Une bête de scène : la magie de Mwassi Moyindo.
Ce qui fait la force de Mwassi Moyindo, c’est sa présence magnétique. L’artiste a véritablement « possédé » la scène, captivant le public pendant plus de deux heures avec sa gestuelle fluide, son originalité, sa prestance, mais aussi son énergie débordante. Entre slam et danse, elle a fait vivre ses émotions avec une intensité rare, faisant de ce concert un moment de communion totale avec le public. « J’ai chanté mon répertoire, d’abord mon EP et ensuite les chansons desquels les gens sont friands. Je me suis énormément amusé et j’ai aimé faire ça parce que, au-delà de tout, tant que je ne prends pas de plaisir, je ne peux pas partager ça », a-t-elle confié à LISAPO, expliquant que sa joie de chanter était l’essence même de sa performance.
Au-delà de la musique, Mwassi Moyindo a également marqué la soirée par un hommage poignant à la trentaine des jeunes congolais qui ont trouvé la mort il y a exactement un an, au cours d’une bousculade en marge d’une opération de recrutement de l’armée dans la capitale Brazzaville.Un geste de solidarité touchant qui a renforcé la dimension humaine et profonde de son concert.
Un public conquis !
Le public était comblé. Parmi les spectateurs, François, un passionné de musique, a souligné le charisme de l’artiste et la qualité de l’accompagnement musical. « Le concert a été sublime, et la présence de Zao sur scène restera un moment fort », a-t-il commenté. Prince, quant à lui, a été particulièrement touché par les paroles de Mwassi, qui ont suscité chez lui des réflexions profondes, tout en mettant en valeur la fraternité intergénérationnelle au sein de l’événement.
Cet événement vient s’ajouter à une série de performances réussies pour Mwassi Moyindo, qui s’est déjà produite au Canal Olympia à Potopoto, à Brazzaville. Francis Bilal, présentateur télé et manager d’artistes, voit en elle une artiste en pleine ascension : « Ce n’est pas son dernier concert, et je suis convaincu qu’elle a encore beaucoup à offrir », a-t-il conclu.
Pourquoi N’laku ?
En réponse à la question sur le choix de son titre N’laku, Mwassi a expliqué que c’est un nom qui reflète son ancrage profond dans la culture congolaise, un projet qui met en lumière des valeurs importantes et personnelles. « Ce n’est pas simplement un EP, c’est une partie de moi que je partage avec le public », a-t-elle conclu.
La soirée du 22 novembre restera un souvenir inoubliable, un moment où art et émotion se sont rencontrés pour célébrer la beauté de la musique congolaise, l’authenticité de l’artiste et la solidarité féminine.
BL, depuis Brazzaville