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Kamerhe, Jammal et Kabund relèguent le covid-19 au second plan

Hier lundi 25 mai, le procès Vital Kamerhe et Jammal Samih a focalisé l’attention des Congolais tout au long de la journée. La prestation du « pacificateur jusqu’au bout » face au pugnace avocat du gouvernement et la sénilité apparente du « commerçant » libanais de 82 ans face aux juges ont suscité des débats houleux durant une bonne partie de la journée.

Pourtant, dès 16 heures, soit moins de deux heures après la fin de l’audience à la prison de Makala, l’attention des Congolais s’est tournée vers le palais du peuple où se jouait, sur un simple dé, l’avenir du fauteuil du « maître-nageur national », premier vice-président de l’assemblée nationale et non moins président intérimaire de l’Udps/Tshisekedi.

Protestation musclée des députés pro-Kabund opposés à l’examen de la pétition Jean-Jacques Mamba, suspension de la plénière par la présidente Jeanine Mabunda, puis reprise de la séance en l’absence des frondeurs-bagarreurs. Puis, début du vote vers 20 heures. Près de trois heures plus tard, le verdict est tombé.

Sans surprise, le bouillant vice-président de l’assemblée nationale est déchu de ses « prestigieuses et juteuses » fonctions. 289 députés ont avalisé son éjection, soit au-delà de la majorité absolue requise pour l’entérinement de la pétition, soit 251 voix sur les 500 que compte la chambre basse du parlement.

Quid du covid-19 ?

Pendant que leur attention se focalisait sur les enseignements du procès Kamerhe, dont l’avocat de la République a dit qu’il n’échappera pas à on ne sait quoi et sur les suites de la chute d’un des maillons de la coalition FCC-CACH, les Congolais n’ont pas attendu de connaître les chiffres quotidiens du Comité multisectoriel de riposte contre le covid-19.

Ce mardi matin, on découvre avec effroi ces chiffres de plus en plus en hausse. Pour la journée d’hier lundi 25 mai, 106 nouveaux cas positifs ont été enregistrés, portant le cumul des cas positifs à 2403 depuis le 10 mars. Un nouveau décès a été enregistré hier, portant le nombre total des patients morts à 68, soit 2,82% de taux de mortalité à ce jour.

Le taux de mortalité a fortement baissé depuis plus d’un mois, ce qui suppose une meilleure maîtrise de la pandémie et de la prise en charge des personnes atteintes de covid-19 dans le pays. Il y a deux mois, le taux de mortalité avait grimpé jusqu’à atteindre près de 10%.

On note par ailleurs, un nombre de plus en plus important de patients guéris, soit 3 pour la journée d’hier, ce qui porte le nombre total des guéris à 340. 1549 autres patients sont « en bonne évolution », tandis que 333 « cas suspects » sont en cours d’investigation.

Inquiétant relâchement

Alors que les chiffres de contamination au covid-19 montent en flèche, on assiste curieusement et malheureusement à un relâchement dans le respect et l’application des gestes barrières. Si les supermarchés continuent à faire respecter les mesures édictées par les autorités sanitaires (lavage des mains obligatoire, prise de température obligatoire, distanciation physique entre clients au niveau des guichets, contrôle du port obligatoire du masque), les autres structures ne respectent quasiment plus rien.

Des wewa (motocyclistes) acceptent, à certaines heures, de prendre plus d’un client sur leurs motos. Dans les bus et taxis-bus, le nombre « limité » des passagers n’est plus observé.

Dans les banques et agences de transfert d’argent, l’affluence des clients sans distanciation physique est de plus en plus remarquée. Les agents des services de gardiennage en faction devant les banques et agences de transfert d’argent n’obligent même plus les clients à se laver les mains avant d’entrer. Très souvent, le dispositif de lavage des mains est dépourvu d’eau et de savon liquide.

Pire, un peu partout, la prise de température des clients n’est plus de mise, soit que le thermo-flash est en panne ou que les piles sont épuisées et qu’il en manque de neuves. Prix d’une pile pourtant: moins de 500 FC seulement.

Des « matanga » comme auparavant

En outre, l’inconscience des Congolais face au coronavirus est telle que les matanga (deuils) s’organisent de plus en plus sans respect des mesures de distanciation physique ou de limitation à 20 personnes de tout rassemblement public.

Dans les résidences des disparus, les personnes endeuillées s’y retrouvent abondamment durant des jours en attendant la sortie du corps et l’enterrement. Le jour de l’enterrement, tout le monde ou presque tient à assister à la levée du corps. D’où une forte affluence dans les morgues, surtout le week-end.

C’est ce qui a été constaté le samedi dernier à la morgue de l’hôpital saint Joseph de Limete. Une foule immense s’y est formée au point qu’un embouteillage monstre y a été constaté durant de longues heures entre les 10ème et 15ème rues tant sur le petit boulevard que le boulevard Lumumba lui-même.

Même ambiance dans les cimetières où les gens se côtoient sans respect des règles de distanciation physique comme si le coronavirus n’existait pas. La seule mesure encore respectée est que les dépouilles sont conduites directement au cimetière après leur sortie des morgues.

Ce relâchement face aux mesures prises pour contrer la propagation du coronavirus est sans doute dû au fait que nombreux sont ceux qui croient que le coronavirus n’attaque que les autres ou que la maladie n’existe pas ou qu’elle n’est pas aussi répandue et meurtrière qu’on le dit.

Mona Kumbu

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