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Chronique de la vie à Kinshasa
Cher cousin,
Tu ne peux imaginer la joie qui est mienne ce matin que le PSG n’ait pas gagné hier soir la ligue des champions 2020. Ç’aurait été une catastrophe pour mes oreilles si le club français l’avait emporté face au Bayern Munich. Un petit but a suffi pour neutraliser les Neymar, Mbappé, Di Maria, Choupo Moting, Marquinhos et tous les autres sociétaires du club abondamment financé par le Qatar. Et, ironie de l’histoire, c’est un Français au prénom pas très français, Kingsley, qui a été le bourreau du club de Paris. Ce kingsley Coman a même été formé à Paris. C’est tout dire.
Cher cousin,
Le match a été très suivi ici à Kinshasa. Comme à ses mauvaises habitudes, l’incompétente Snel, la société publique d’électricité, s’est arrangée, une fois de plus, pour priver une bonne partie des communes de Lemba, Ngaba et Limete de courant durant tout le match. J’ai tout de même pu suivre cette joute footballistique en traquant les rares endroits illuminés. J’ai ainsi vu des hordes de spectateurs envahir les bars et terrasses qui avaient fait fonctionner leurs générateurs ou groupes électrogènes, comme on dit ici.
Droit de «vue» ou de «suivi» du match : juste une consommation qui te permet d’avoir un siège, si non on reste debout. Moi, qui loge le diable dans les poches ces jours, le salaire n’ayant pas encore été payé, j’ai juste pris un Coca. Prix: 1500 Fc. Avec cette seule bouteille, j’ai pu suivre les 90 minutes du match, les 15 minutes de la mi-temps ainsi que la cérémonie de remise des médailles et de la coupe. Je suis resté là de 20 heures à pratiquement 22 heures. Je n’ai pas regretté m’y être rendu.
L’ambiance était garantie même si aucune équipe congolaise ou un joueur congolais n’étaient concernés. Rivalité oblige et même si le match ne les concernait pas, les supporteurs du Barça donnaient de la voix pour le PSG et ceux du Real soutenaient le Bayern. J’ai entendu des quolibets, des commentaires pas toujours bons pour les oreilles des tout petits, mais que faire ? La sainte Snel nous contraint souvent à faire avec.
Au coup de sifflet final et voyant Neymar fondre en larmes, des supporters du PSG et du Barça ont vite fait de lui lancer quelques injures, que je ne peux répéter ici. Sa mère en a pris pour sa dignité de femme. Et, je ne sais pourquoi. Que vient faire la mère de l’un des plus fantasques joueurs en activité dans cette histoire de défaite du PSG? Mais bon, c’est ça le Kinois, toujours prompt à se défouler comme il peut surtout si Neymar ne lui permet pas de briser le Bayern, coupable d’avoir mis une raclée au Barça avec un cinglant 8-2 en quart de finale.
D’autres supporters, ceux du Real, ont demandé à Kilyan Mbappé, et je ne sais s’il les entendait, qu’il rejoigne le club madrilène où il peut soulever la coupe aux grandes oreilles au lieu de perdre son temps et gaspiller son immense talent dans un «petit» championnat de ligue 1 où il doit rencontrer des équipes comme Dijon, Guingamp, Angers…
Quant à moi, je suis rentré heureux et surtout soulagé. Toute la journée de dimanche, j’ai suivi les analyses et commentaires des consultants sportifs et journalistes français sur ce match. Ils donnaient l’impression que tout était joué d’avance et que donc le PSG avait déjà gagné le match et la coupe. Ils ne pouvaient s’imaginer que le trio Mbappé-Neymar-Di Maria puisse perdre face au Bayern. Manuel Neuer leur en a pourtant fait voir de toutes les couleurs, arrêtant ou détournant tous leurs tirs et remportant même des duels contre les attaquants du club français, utilisant ses longues jambes pour maintenir inviolables ses filets.
La soirée a été belle et je goûte mon plaisir, sachant que l’intégrité de mes tympans est préservée.
Oufff, on l’a échappé belle.
Tien, Franck
