“Avant qu’on m’annonce ma séropositivité, je ne savais pas grand chose du vih/sida“, raconte Sandra*, le regard rivé sur le sol. Elle a 40 aujourd’hui et révèle avoir découvert son état sérologique il y a 10 ans. “C’est mon copain de l’époque qui avait réalisé un test qui s’est révélé positif par la suite. Il va aussitôt m’appeler pour me demander de faire un test aussi sans m’en dire plus“, se rappelle Sandra, une juriste kinoise . Après plusieurs jours d’hésitation, elle va se rendre au Centre Médical de Kinshasa (CMK) pour le test. Le verdict tombe : elle est séropositive.
“Quand je sors de l’hôpital, je pense tout de suite à mes parents. Quand je mourrais, que devriendront-ils ? ” Sandra reconnaît que pendant plusieurs jours, elle ne dormait plus. Son rendement au travail avait sensiblement baissé. Elle maigrissait. Son copain l’avait quitté affirmant dans un sms qu’elle était la cause de ce malheur. “Je ne savais pas à qui en parler et surtout je craignais l’indiscrétion des uns et des autres. Si dans mon quartier ou dans mon entourage la nouvelle se répandait, je ne saurai supporter le regard des gens“, avoue Sandra.
“Puis j’ai commencé mon traitement à base d’ARV (antirétroviraux). J’ai pris du poids et mes rencontres avec mon médecin sont devenues des moments privilégiés. Là, je pouvais tout lui dire : mes angoisses, mes peurs…Mon médecin traitant m’a aidé à ma reprendre en charge. J’ai changé de travail. J’ai recréé un nouveau cercle de connaissances. Aujourd’hui, je vis très bien avec le vih. Parce que pour moi vivre avec le vih, c’est tout simplement vivre“, explique Sandra.
Peur d’une vie amoureuse
“Je sais qu’étant sous traitement, je ne peux transmettre le virus. Mais j’ai peur de me mettre en couple. Pourtant les occasions ne manquent pas“, avoue-t-elle en rigolant. En effet, Sandra explique qu’une personne prenant un traitement antirétroviral tous les jours tel que prescrit et atteignant et maintenant une charge virale indétectable n’a aucun risque de transmettre le virus à un partenaire séronégatif. “Je vis mieux, parce que ma charge virale est indétectable depuis 5 ans mais je ne suis pas encore guérie“, tranche-t-elle. Jusqu’il y a peu, elle avait peur de transmettre le vih par un simple baiser. Pourtant, elle constate que les jeunes ont un comportement très dangereux. “Ils ont l’impression que le sida a disparu. Les médias ne parlent du vih/sida qu’au mois de décembre”, se plaint Sandra.
Toutefois, elle reste optimiste. “Je ne mourrai pas séropositive. Quand je considère les avancées accomplies, je suis convaincue que dans moins de 20 ans, les chercheurs trouveront une solution définitive à ce virus du siècle“.
*Sandra est un nom d’emprunt