Après la présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda et l’ensemble de son bureau, après le Premier ministre Sylvestre Ilunkamba, l’heure du président du Sénat, Thambwe Mwamba, a-t-elle sonné? En tout cas, les deux derniers jours ont vite placé le président de la chambre haute du Parlement entre le marteau et l’enclume.
Tout commence le 1er février quand le procureur général près la Cour de cassation demande aux membres du Bureau du Sénat d’autoriser une instruction contre Alexis Thambwe Mwamba pour « détournement des deniers publics ».
Il lui est reproché d’avoir « tiré le 6 janvier 2021, pour le compte du Sénat, trois chèques d’un import respectif de 2. 000.000 d’euros, 1. 000 000 de dollars et 1 000 000 de francs congolais ».
« Le Trésorier du Sénat ayant retiré ces sommes à la Banque commerciale du Congo, remit le 2 millions d’euros et 1 million de dollars américains au Conseiller financier du questeur du Sénat. Ledit conseiller partit les remettre au président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba à sa résidence. D’où l’ouverture du présent dossier », justifie le procureur.
Ce mardi 2 février, c’est une autre correspondance, cette fois-ci signée par le sénateur Valentin Grenco N’Vene au nom des pétitionnaires. Ces derniers, 64 au total, ont informé le président du Sénat du dépôt de leur pétition pour exiger sa déchéance à la tête de l’institution.
Alexis Thambwe Mwamba était la dernière pièce du puzzle qui n’avait pas encore sauté au milieu du vent « union sacrée de la nation » soufflé par le président Félix-Antoine Tshisekedi.
Des observateurs de la scène politique estiment que l’annonce du président Tshisekedi du 6 décembre de mettre fin, sans plus attendre, à la coalition FCC-CACH, serait partie de la fronde que Jeanine Mabunda et Thambwe Mamba ont ouverte contre lui. Les deux n’avaient pas hésité à lui dire ouvertement et de vive voix leur opposition au serment des trois juges constitutionnels nommés en juillet 2020. Le FCC de Joseph Kabila avait alors dénoncé une violation intentionnelle de la Constitution par le chef de l’Etat.
En harmonie avec leur famille politique, Mabunda et Thambwe avaient boycotté la cérémonie de prestation de serment de ces hauts magistrats. Ce qui a été sûrement vu comme une « humiliation » par le président Tshisekedi. Dans la construction de sa nouvelle ossature institutionnelle autour de l’union sacrée de la nation, le président de la République ne pouvait pas oublier le Sénat. Encore moins le frondeur, Alexis Thambwe Mwamba.
SN