Nestor Tshimwanga est taxi-moto mais plus communément appelé « Wewa » dans le langage kinois. Âgé de 40 ans, Nestor est marié et père de 2 enfants. Il est wewa depuis 3 ans maintenant. Assis sur sa moto devant la parcelle où il loue situé sur l’avenue Mama Yemo au quartier 3 dans la commune de Masina, Nestor raconte sa vie de Wewa.
« Il n’y a pas de travail au Congo. Tout ce que j’ai pu trouver à faire, c’est le taxi-moto », raconte d’emblée Nestor pour justifier son activité. Nestor n’a pas pu terminer ses études secondaires. Il ne possède donc pas un diplôme d’Etat (équivalent du baccalauréat). Et c’est déjà tôt le matin qu’il se prépare à affronter sa dure journée de labeur. Et il n’a qu’une seule idée en tête : « gagner de l’argent ».
« Quand je me réveille en tant que père de famille, la première idée est de trouver de quoi nourrir ma famille », renseigne-t-il avec des trémolos dans la voix. Il consomme son « bidorma » (entendez le reste du repas de la veille) composé essentiellement de fufu (une pâte constituée d’un mélange de farine de maïs et de manioc) accompagnée d’un légume et d’un poisson, très rarement une viande. Puis, Nestor monte sur sa moto et va rejoindre son point de stationnement situé à….
Pourtant, il est déjà 10 heures aujourd’hui et Nestor n’est pas encore parti de chez lui. Il est sur sa moto devant la parcelle où il habite. “Le vrai problème que nous rencontrons chaque jour ce sont les tracasseries policières. Nous n’arrivons pas à bien travailler à cause de cela“, se plaint-il. C’est la raison pour laquelle il n’est pas motivé ce matin. « Ces jours-ci, rien ne va. Impossible d’accomplir mon travail dans la quiétude. Le harcèlement de la police est incessant ». Et, cette traque permanente de la police a sensiblement baissé ses revenus. « Lorsque vous croiser des policiers de roulage, ils veulent vérifier si vous détenez un permis de conduire. Si vous êtes en ordre, il contrôle le présence du cache-nez. Quand vous avez les deux, ils vous demandent la carte rose. Tout ça ce sont des astuces pour nous compliquer la vie. Et quand vous ne vous défendez pas bien, ils vous arrête pour que vous puissiez payer des amendes“, déplore Nestor.
Peu de revenus, beaucoup de tracasseries
Or, ce père de famille reconnaît ne pas gagner suffisamment d’argent pour subvenir à tous les besoins de sa petite famille. Quand on lui demande de donner les montants quotidien de sa recette, il élude la question. « Nous les taxi-moto, nous ne gagnons pas beaucoup. Si en plus, tu n’es pas propriétaire de ta moto, la situation est encore plus grave. Comment réunir l’argent du versement dans ces conditions ? » s’interroge-t-il.
À la question de savoir comment les taxi-moto sont organisés, Nestor reconnait faire partie d’une certaine association dont le nom lui a échappé au moment de l’entrevue. “Dans notre association nous cotisons en termes de 500 FC par semaine. Cet argent sert à nous aider en cas d’accidents et autres sinistres“, a-t-il expliqué. “Les tracasseries sont notre vrai problème. Le marché central – Zando-, au niveau du rond-point Ngaba, dans la commune Matete et surtout dans le quartier de la Tshangu, les taxi-moto vivent le martyr à cause des policiers. “Les bandits qui volent les gens ne sont pas inquiétés. La police ne s’attaquent qu’à des congolais qui ne cherchent qu’à s’en sortir. Où est cet état de droit promis le chef de l’État !”, répète Nestor.
Il ne s’arrête pas qu’à se plaindre mais demande aussi que les autorités de la ville les aident à mieux servir la population kinoise. « Que les autorités nous viennent en aide. Qu’ils allègent les frais des différents documents qui nous sont exigés. Ce sera déjà une aide précieuse », plaide-t-il. Car, “les taxis-motos sont aujourd’hui incontournables à Kinshasa. Ils amènent les Kinois exactement où ils veulent aller“, déclare ce taxi-moto sans modestie. Et de poursuivre : « Grâce à ma moto, j’ai tissé beaucoup de relations avec mes clients. Ma gentillesse et mon savoir-être m’a permis de ne presque jamais manquer de clients. Principalement ceux qui font des longs trajets. Certains possèdent même mon numéro de téléphone et m’appellent pour de longs trajets. Si bien évidemment, je n’effectue pas déjà une autre course ».
Nestor commence sa journée très tôt – dès 6 heures – et peut rentrer chez lui aux environs de 20 heures. Il n’aime pas trop rouler le soir ou la nuit, de peur de faire de mauvaises rencontres.
Teddy MAYAMBA