Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi a, dans une adresse aux Congolais mercredi 18 mars sur les antennes de la télévision nationale, pris certaines mesures en vue de lutter contre la pandémie du coronavirus. Ces mesures phares concernent essentiellement les déplacement et regroupements des Congolais sur le territoire national et les mouvements des personnes provenant des pays à risque pour une durée de 4 semaines.
En effet, parmi, les mesures phares, il a décidé de fermer toutes les écoles, les universités, les églises dès jeudi 19 mars. Tous les vols en provenance des pays à risque et des pays de transit sont également suspendus dès le vendredi 20 mars. Tous les rassemblements, réunions ou célébrations de plus de 20 personnes sur les lieux publics en dehors du domicile familial sont proscrits. Les activités sportives, les discothèques, les bars, cafés, terrasses et restaurants sont autant concernés par ces mesures que les écoles et les églises. Le Président de la République, par sa communication, a bousculé aussi les us mortuaires des congolais parce que dorénavant l’organisation des deuils dans les salles et les domiciles est interdite. A ce sujet, il a été très clair : « les dépouilles mortelles seront conduites directement de la morgue au lieu d’inhumation et en nombre restreint d’accompagnateurs ».
Plus de vols commerciaux
Autres mesures draconiennes et impopulaires prises par le Président Félix Tshisekedi est la fermeture dès le vendredi 20 mars 2020 de tous vols en provenance des pays à risque et des pays de transit. ” Seuls les avions et les navires cargos et autres moyens de transport frets seront autorisés à accéder au territoire national et leurs personnels soumis aux contrôles “, précise-t-il. Il a également recommandé aux personnes résidant dans les pays à risque de reporter leurs voyages à destination de la RD-Congo. Et pour ces passagers qui vont arriver au Congo d’ici vendredi, ils devront se soumettre, à leur arrivée aux frontières nationales et sans exception, à remplir une fiche de renseignements, laver leurs mains et à subir un prélèvement de leur température corporelle. Et si une des personnes est suspectée à l’issue du test de température, elle sera mise en quarantaine pour un examen approfondi et au besoin être interner, dans les hôpitaux prévus à cet effet.
Il a promis de doter les postes d’entrée maritime, fluviale, lacustre et terrestre du territoire national du même dispositif de surveillance qu’à l’aéroport pour renforcer le contrôle des passagers en provenance de l’étranger. Et les personnes en partance de Kinshasa vers les provinces ne sont pas non plus oubliées. Elles devront se soumettre systématiquement aux mesures de contrôle dans le but d’éviter la propagation de cette pandémie sur le reste de notre pays.
Enfin, le Président de la RDC a confié la gestion de la lutte contre le coronavirus au Docteur Muyembe qui s’est illustré dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola à l’Est du Congo. Par sa voix, le Gouvernement s’engage à prendre en charge les frais de tous les cas testés positifs sur l’ensemble territoire.
Des questions en suspens
Après l’annonce hier dans la soirée par le président de la république de mesures pour contrer la propagation du coronavirus en RDC, de nombreuses questions restent en suspens. Les Kinois attendent avec impatience et anxiété de connaitre les mesures d’encadrement et d’exécution desdites mesures. Il est urgent en effet que le gouvernement détermine comment seront régulés les transports en commun dans la mesure où les rassemblements de plus de vingt personnes sont interdits. Quand on connait le nombre de passagers qu’embarquent les bus des sociétés Transco et Transkin, on peut avoir la plus grande crainte quant à la propagation de la maladie. Des mesures doivent également être prises pour éviter le trop plein dans les taxis, taxi-bus surtout dans les fameux bus 207 et même dans les bus « Esprit de vie ».
Autre mesure attendue : la tenue des marchés. Va-t-on laisser les « wenze » kinois fonctionner comme si de rien n’était ? Quand on connait la configuration de nos marchés où il n’y a pas de porte d’entrée et de sortie, il y est difficile d’organiser des opérations de lavage des mains obligatoires et de désinfection, à moins de placer plusieurs d agents sanitaires qui s’en occuperaient. Qu’en sera-t-il du grand marché de Kinshasa où fonctionnent de nombreux pavillons ? Des milliers de personnes s’y rendent tous les jours. Il sera difficile si pas impossible d’y contrôler les mouvements des personnes. Il sera également quasiment difficile si pas impossible de faire respecter la distance d’au moins un mètre entre les gens.
Pour les supermarchés, la tâche pourrait être moins dure, les portes d’entrée et de sortie étant généralement bien signalées. Il y est aussi possible d’organiser la désinfection des mains. Il faudrait néanmoins insister pour que les caddies soient régulièrement désinfectés après chaque usage.
Reste également à savoir si les administrations recevront les moyens qu’il faut pour mettre à disposition des dispositifs de lavage des mains, des gels désinfectants et autres produits similaires aux entrées.
Bobo & Franck Mona