Quelle est actuellement la situation épidémiologique en République Démocratique du Congo quant à la lutte menée contre la pandémie du coronavirus ? Selon mon voisin, à cette question, même le chef du gouvernement peut manquer de réponse à donner. Et pourtant, le ministère de la Santé n’a pas encore déclaré la fin de la maladie en RDC.
Le 10 mars, le pays enregistrait son premier cas et deux semaines plus tard, le chef de l’Etat congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, décrétait l’état d’urgence sanitaire afin de lancer la “guerre” contre la COVID-19.
Mobilisation tout azimut
Depuis, un bulletin épidémiologique était publié par la secrétariat technique de riposte – dirigé par Dr Jean-Jacques Muyembe – mis en place par le chef de l’Etat. Dans la foulée, toute la communauté nationale était mobilisée pour empêcher la propagation de la maladie sur l’ensemble du territoire national. Mise à contribution, la police était chargée de faire appliquer le respect des gestes barrières édictés par l’OMS, notamment le port des masques.
Il a suffi que le chef de l’Etat lève l’état d’urgence sanitaire, rouvre les frontières du pays pour qu’on note un relâchement. Le bulletin épidémiologique qui était attendu de tous les Congolais pour se faire une idée sur l’évolution de la maladie n’attire presque plus l’attention de personne.
Plus des points de presse
Du côté du ministère de la Santé et de l’équipe de riposte, les rares points de presse faits à l’époque ont disparu soit par le ministre de la Santé, soit par l’équipe de riposte. Le ministre Eteni Longondo qui prenait d’assaut les médias pour sensibiliser les Congolais est devenu aphone, tout comme le professeur Jean-Jacques Muyembe.
Certes, le pays a connu miraculeusement une chute de cas de contamination. Autant aucune explication n’a été donnée par les autorités politico-sanitaires de la RDC, autant personne ne parle plus de la COVID-19 en RDC.
21 provinces touchées
D’aucuns se demandent même si le chef de l’État consulte encore le professeur Muyembe et son équipe ? Pendant ce temps, la maladie gagne du terrain. Alors qu’au mois de mai – lors de la levée de l’état d’urgence sanitaire – à peine une dizaine de provinces étaient touchées, aujourd’hui plus de 20 sont concernées.
Ailleurs, la situation est surveillée de près. Au Congo-Brazzaville, par exemple, le couvre-feu est toujours en vigueur. Au Kenya, le président Kenyatta a bloqué la rentrée scolaire alors le taux de mortalité est passé de 50 à 5%.
Tout voyageur qui débarque en RDC croira que le coronavirus appartient au passé. C’est presque de cette façon qu’avait été gérée la lutte contre la maladie à virus Ebola qui a ressurgi quelques mois après dans le Nord-Kivu et qui continue à tuer dans la province de l’Equateur.
Les autorités politico-sanitaires de la RDC ne devraient pas dormir sur leurs lauriers, car une vague retour peut tout renverser. La situation qui prévaut actuellement dans certains, notamment en France, Espagne… devrait interpeler le gouvernement congolais.
RKM