Quels sont les effectifs réels des forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ? Combien de soldats et de bataillons sont déployés dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu en état de siège, ainsi que du Sud-Kivu où des opérations militaires de grande envergure sont également engagées pour venir à bout des groupes armés locaux et étrangers ? Des questions légitimes au regard des différences notables constatées entre les effectifs déclarés et ceux réellement déployés sur terrain.
Selon « Africa Intelligence » dans son édition du 26 août, un désaccord est nettement apparu à ce sujet entre la hiérarchie militaire et la présidence de la République. Une mission d’audit confiée à l’Inspection générale des forces armées a révélé un pan de la réalité. Selon les sources contactées par « Africa Intelligence » sur 11.905 soldats officiellement déployés en Ituri seuls 8.962 sont effectivement présents sur place et engagés dans les diverses opérations contre les groupes armés actifs dans la région.
Au Nord-Kivu, sur des effectifs déclarés de 9.393 soldats, seuls 7.873 membres des FARDC sont sur le terrain. Dans le Sud-Kivu, l’écart serait encore plus grand : sur 20.717 soldats officiellement déclarés déployés dans la province, seuls 16.717 ont pu être effectivement comptabilisés.
Selon certaines sources, ces différences s’expliqueraient par la comptabilisation de soldats décédés mais non déclarés comme tels. Des officiers et autres militaires continueraient à toucher la solde de ces soldats décédés. Constat fait sur le terrain, 656 soldats supposément déployés au Nord-Kivu se sont ainsi révélés disparus ou décédés. Ce chiffre monte à 1.142 au Sud-Kivu et à 1.116 en Ituri. A ces chiffres, il faut ajouter les déserteurs, qui souvent ne sont pas comptabilisés car leur départ n’a fait l’objet d’aucun procès-verbal, souligne les sources d’ ”Africa Intelligence”.
Officiers retraitables
Alors que l’on cherche à mettre de l’ordre dans la comptabilité des forces réellement engagées dans les opérations militaires dans l’est du pays, l’armée est également secouée par l’affaire des officiers éligibles à la retraite, mais encore en fonction. Sur la liste dressée à cet effet et que « Africa Intelligence » a apparemment consultée, figurerait notamment le nom du chef d’état-major Célestin Mbala, ainsi que celui de ses deux porte-parole, le général major Léon Richard Kasonga et le général de brigade Sylvain Ekenge.
En définitive, ce sont 19 généraux, 331 officiers supérieurs, 630 officiers subalternes et 1.817 sous-officiers qui ont dépassé l’âge de la retraite, mais toujours actifs.
Dans le cercle du pouvoir, on estime que le moment est venu d’offrir une retraite honorable à ces officiers, ce qui permettrait de promouvoir des militaires plus jeunes et plus loyaux envers le président.
N.L.