Le compte à rebours est enclenché. Il ne reste plus que quelques semaines avant la tenue des élections générales en république démocratique du Congo, prévues le 20 décembre 2023. Du côté de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’institution en charge de l’organisation des scrutins, la machine logistique tourne à plein régime. C’est ce qu’a affirmé vendredi le président de la Centrale électorale Denis Kadima, lors de la clôture du cadre de concertation avec les parties prenantes au processus.
Pour certains ténors des partis politiques et leurs militants, tout ne sera pas prêt avant le jour du scrutin. Ces derniers voient venir un chaos post-électoral notamment occasionné par des défaillances et du non-respect des règles démocratiques de la part de la CENI à plusieurs étapes de l’organisation.
Selon Jérôme Bonso, expert en questions électorales et résolution des conflits, la RDC a encore l’occasion de se racheter des erreurs des cycles précédents lors des élections de décembre et éviter une éventuelle crise post-électorale.
« Les élections en elles-mêmes constituent un conflit. La démocratie nous apprend que l’une des vertus des élections démocratiques, c’est la résolution des conflits. La capacité managériale du processus électoral relève de celle des autorités, de la centrale électorale, des acteurs politiques et toutes les parties prenantes d’introduire le facteur collectif, afin que le cycle électoral présent ne connaisse pas le sort des trois précédents », a-t-il expliqué en interview sur LISAPO.
Et le cadre de concertation selon lui, fait partie des mécanismes de gestion consensuelle et concertée du processus électoral.
« C’est une rencontre des parties prenantes au processus pour faire le point sur l’état d’avancement de ce dernier. La CENI n’organise pas les élections pour les congolais, mais avec les congolais. Les élections n’appartiennent pas à la CENI mais au peuple congolais. Le cadre de concertation est donc habilité pour introduire le facteur correctif pour améliorer le processus électoral », a soulevé Jérôme Bonso.
Monter d’un cran
Mieux qu’en 2018 et 2011 notamment où les résultats des scrutins ont fortement été sujets de critiques et contestations, l’expert électoral voudrait que cette fois le consensus soit au rendez-vous afin que les résultats issus des urnes soient ceux du peuple.
« Les acteurs politiques congolais ne sont pas en mesure de respecter les engagements pris à travers le code de bonne conduite présenté par le CENI. Il faut davantage sensibiliser les uns et les autres afin que la publication des résultats issus des élections de 2023 puisse être différente des autres à tous les niveaux […] Nous demandons à la CENI que les résultats des urnes reflètent réellement la volonté du peuple exprimée à travers ces scrutins. La transparence dans la gestion des contentieux électoraux, dans la publication des listes provisoires doit refléter la réalité et que lors de la publication des résultats définitifs, la Cour constitutionnelle ne se comporte pas comme en 2011 et 2018. Quand tous ces éléments sont réunis dans un environnement de transparence, les conflits post-électoraux seront évités ».
Par ailleurs, un autre constat effectué note la montée en puissance d’une campagne électorale précoce qui normalement devrait débuter un mois avant la tenue des scrutins. Pour Jérôme Bonso, ceci pour engendrer des conflits non moins négligeables.
Il interpelle les autorités en demandant notamment « aux médias et la CENI de s’investir dans l’éducation civique électorale, faire comprendre notamment aux militants des partis politiques que les élections sont une compétition à l’issue de laquelle les résultants doivent être acceptés par tous. Cela permettrait de conférer la légitimé aux dirigeants qui sortiront des urnes. Nous assistons à une campagne électorale précoce. Les acteurs politiques de l’opposition et de la majorité brandissent des affiches avec des messages de campagne électorale. Ce qui devrait être règlementé par le CSAC qui somnole pour le moment. Tout ceci doit aider à la prévention des conflits post-électoraux qui risquent de causer des dégâts inattendus ».
La liste définitive des candidats députés nationaux a été publiée il y a deux jours par la Centrale électorale, après quelques contentieux.
BL