Après son adoption la semaine dernière par l’Assemblée Nationale, la proposition de loi organique portant organisation et fonctionnement de la CENI passe cette semaine en seconde lecture au Sénat. Il n’y aura probablement aucune surprise et le président de la république aura tôt fait de la promulguer, motivé par sa promesse d’offrir aux congolais un processus électoral crédible.
Cette crédibilité, selon les députés membres de la commission PAJ, passe notamment par une plus forte présence en nombre des membres de la société civile parmi les animateurs de la centrale électorale congolaise. Selon le Pr Mbata, président de ladite commission, le nombre des représentants de la société civile passe de 3 à 5 membres, soit près du double. Mais de quelle société civile parle-t-on réellement?
Pour certains observateurs de la scène politique congolaise, la société civile est aujourd’hui frappée de carriérisme opportuniste. Plusieurs leaders de la société civile ont effet postulé comme candidat président de la CENI en 2020. Dans le même temps, ces mêmes voix plaidaient alors pour des réformes électorales avant la désignation des membres de la CENI. Cet épisode a révélé des dissensions internes latentes et de surcroît a baissé sensiblement le crédit moral de cette composante face à une classe politique largement discréditée. Aujourd’hui, on parle même d’une société civile proche de l’Union sacrée, l’actuelle majorité au pouvoir.
Cette société civile, censée être l’émanation des forces vives de la nation congolaise a perdu tout crédit moral face aux politiques. Comparables à des chauve-souris, les ténors de la société civile prétendent défendre les intérêts des populations la journée et la nuit, ils deviennent des conseillers militants dans les cabinets occultes des forces politiques en présence en RDC.
Ils sont les premiers à traiter les cadres politiques d’opportunistes ou de vagabonds politiques mais n’hésitent pas de répondre aux sirènes du pouvoir. Il n’est pas étonnant de voir des membres de la société civile congolaise intégrer allègrement un gouvernement et finir par prendre une carte au sein d’un parti de la majorité au pouvoir.
La proposition de loi de modification de la loi organique de la CENI a la prétention d’interdire aux futurs membres de la CENI issus de la société civile et des partis politiques de participer à des activités de leurs organisations. Cela laisse à sourire quand on connaît les relations qui se nouent entre certains leaders de la société civile et les milieux politiques.
En définitive, la place plus importante faite aux représentants de la société civile n’est ni plus ni moins qu’un habillage pour renforcer l’omniprésence des partis politiques pour une véritable mise sous tutelle de la CENI.
Bobo