Le politologue et journaliste camerounais Charles Onana s’est récemment présenté devant la 17ème chambre correctionnelle du Tribunal de Paris, poursuivi pour “contestation du génocide des Tutsis”. Ce procès fait suite à ses publications controversées qui remettent en cause la version officielle du génocide rwandais, largement diffusée par le régime de Paul Kagame.
Dans une tribune, l’enseignant de l’Université des Sciences de l’Information et de la Communication (UNISIC), Didi Mitovelli, revient sur le parcours d’Onana. Selon lui, tout a commencé à la fin des années 1990, lors d’une rencontre à Washington avec Déo Mushayidi, un rescapé tutsi. Ce dernier, ayant perdu toute sa famille dans le génocide, a poussé Onana à enquêter sur les véritables responsabilités du drame rwandais et ses conséquences dans la région des Grands Lacs.
Au cours du procès, Onana a mis en lumière les liens entre certaines ONG de droits de l’homme et le régime de Kigali. Il a notamment dénoncé l’association Survie, dont le président a été nommé conseiller à la présidence de Paul Kagame. Pour Onana, ces organisations se sont montrées silencieuses face à l’assassinat de Tutsis dissidents comme Kizito Mihigo, tué en prison, et aux massacres des Hutus, Twa et Congolais dans l’Est de la RDC.
Mitovelli souligne que les enquêtes d’Onana révèlent une autre facette du génocide, souvent ignorée par les médias traditionnels. En rassemblant des témoins tant tutsis que hutus, Onana affirme que les ONG n’ont jamais pris position en faveur de ceux qui contestent la ligne officielle du gouvernement rwandais.
Pour le politologue, les richesses du sous-sol congolais représentent le véritable enjeu des conflits dans la région. Il soutient que la stratégie militaire du Front Patriotique Rwandais (FPR), loin de viser uniquement la protection des Tutsis, visait à s’emparer de ces ressources avec la complicité de multinationales.
Ce procès pourrait rouvrir le débat sur le rôle des acteurs régionaux et internationaux dans les événements tragiques qui ont secoué le Rwanda et la RDC, et soulever des questions sur les intérêts économiques derrière les conflits.
Elie Ngandu