Alors que Kinshasa ploie sous un soleil caniculaire, la liste des candidats à l’élection présidentielle du 20 décembre prochain ne fait que s’élargir. Face à Félix Tshisekedi, candidat porté par l’Union sacrée de la nation, on va retrouver Martin Fayulu Madidi, candidat “non surprenant” de Lamuka, plateforme électorale créée en 2018 et qui a vu tous ses membres poids lourds abandonner le navire, n’y laissant que le leader de l’ECiDé.
Le prétendu “président élu”, va participer à une élection considérée pourtant par lui-même comme ” mal organisée ” et non transparente. Il va prendre part à une joute électorale à laquelle il ne croit pas. D’où la question : qu’est-ce qui a changé pour que Mafa se mette en ordre de bataille ? Aucune réponse ne saurait justifier cette incohérence. Mafa a juste compris que son absence au scrutin de décembre prochain signifierait sa descente aux enfers, consacrant son oubli de la scène politique.
Même si la CENI n’a accédé à aucune de ses exigences dont l’audit externe du fichier électoral par un organisme de renommée internationale, il va donc se lancer dans la course. En 2018 déjà, candidat “unique” de Lamuka, il nous a fait la même blague en exigeant le retrait de la machine à voter. Il participa tout de même au scrutin “avec la machine à voter” pourtant honnie par lui. Depuis, il n’a eu de cesse de clamer partout que c’était lui le vainqueur du scrutin organisé par Corneille Nangaa.
Demain, s’il perd encore (?), il contestera les résultats d’une élection présidentielle préparée par la CENI de Denis Kadima ; la même qu’il juge trop partisane, trop attachée à Félix Tshisekedi.
C’est peut-être de la realpolitik. Ou n’était-ce qu’une esquive. Mafa avait mis la barre trop haut pour obtenir quelque chose. Il n’a pourtant rien obtenu. La CENI ne rouvrira certainement pas les bureaux de réception et traitement des candidatures (BRTC) en vue de recevoir les candidatures de Lamuka aux élections législatives nationales et provinciales.
On ne sait pas si MaFa croit lui-même à ce qui serait une violation flagrante de la loi. Ce qui est sûr, de nombreux potentiels candidats de Lamuka qui avaient obéi à son mot d’ordre lui en voudront à mort pour avoir brisé leur rêve de siéger à l’assemblée nationale ou dans les assemblées provinciales. Ils auront néanmoins la possibilité, s’ils y tiennent, de se présenter aux sénatoriales.
Alors que les Kinois cherchaient à amortir le choc, s’il en est un, du volte-face, s’il en est vraiment un et sous un soleil de plomb, ils ont appris que Denis Mukwege, chirurgien de renommée mondiale, prix Nobel de la paix 2018, se lance dans la course pour l’occupation du palais de la nation. Le ” réparateur des femmes ” descend dans l’arène. S’il a déjà eu à recevoir des coups, Dr Mukwege devra s’armer d’une forte dose de maîtrise de soi pour supporter des uppercuts qui viendront de partout. Ce n’est plus le respecté ” réparateur des femmes ” qui se présente face aux autres candidats, mais un simple ambitieux.
C’est certes un membre de la société civile reçu par les grands de ce monde ; c’est certes le médecin en chef de l’hôpital de Panzi , mais c’est aussi un humain, un politique qui veut régner au sommet de la pyramide politique. Des vidéos vont inonder les réseaux sociaux, vraies ou fabriquées par l’intelligence artificielle. Leurs contenus seront sans conteste démenties, mais ils auront, le temps de circuler, de faire mal, d’installer le doute. Certains iront même jusqu’à contester la nationalité congolaise du ” réparateur des femmes. ” Sous la canicule kinoise, Dr Mukwege devra tout supporter. C’est ça la politique.
Face à la pression des siens et sans doute de certaines officines nationales et internationales, Mukwege a franchi le Rubicon. Il n’a donc qu’à bien se tenir. Quant aux Kinois qui suffoquent sous cette chaleur inexpliquée et qui implorent dame-la-pluie de les arroser de ses goutes, décembre semble très loin.
N’Tombo Lukuti.