Clôturant le mois de mars dédié à la femme, le Comité National Femme et développement, CONAFED est déterminé à poursuivre son combat pour la promotion des droits des femmes et des jeunes filles en République Démocratique du Congo.
C’est dans ce cadre qu’il organise une série d’actions de plaidoyer auprès des décideurs des différentes institutions tant publiques que privées en vue de solliciter leur implication, avec des actes concrets, dans la lutte contre les unions conjugales des enfants ou mariages précoces en RDC. Aussi, les amener à faire voter la loi contre les mariages précoces des enfants en RDC ainsi qu’à prendre des engagements face à ce fléau. Un mémorandum est adressé à chaque cible pour trouver des solutions durables face à cette situation.
Signalons que cette activité s’inscrit dans le cadre du projet de lutte contre les mariages précoces ou unions conjugales des enfants. Un projet exécuté par le CONAFED, avec l’appui de Girls First Fund, une organisation internationale américaine. En effet, le mariage précoce des filles qui est le fait de marier un enfant de moins de 18 ans est un acte avilissant dans nos communautés et constitue un frein au développement du pays.
La République Démocratique du Congo a mis en place le cadre légal pour la protection des droits de l’enfant. Il s’agit entre autres des lois nº06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais et la loi nº 06/019 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 06 août 1959 portant code de procédure pénale congolaise. Ces dispositions ont été adoptées pour faire face aux différentes formes des Violences Basées sur le Genre (VBG). Et celle n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant est venue renforcer la protection des Droits des enfants. Aussi, la loi modifiant et complétant la loi N° 87-010 du 1er Août 1987 portant Code de la famille congolais.
Malgré l’existence de tous ces instruments, la situation de la jeune fille dans nos milieux respectifs se dégrade de plus en plus. Ces lois souffrent d’une très faible application à cause des multiples raisons favorisées par les agents commis à dire la justice, tel que l’arrangement à l’amiable, la corruption… D’autre part, certains us et coutumes rétrogrades persistent encore en maintenant la jeune fille en faible statut social en dépit de ses compétences individuelles nécessaires au développement de cette communauté.
Face à cette situation, le CONAFED a rencontré, au cours du mois de mars 2023, le Président National de la Jeunesse des Églises de Réveil au Congo, Pasteur Nestor Mingina, pour son implication dans cette lutte. Ce dernier a promis de sensibiliser les jeunes filles et garçons de sa juridiction sur ce fléau qui a des conséquences dans tous les niveaux et dans la plupart de cas, freine le développement de la jeune fille. Il a également souhaité de prendre contact avec la hiérarchie de l’ERC ; s’approprier le contenu du mémorandum et si possible, signer un acte d’engagement par exemple, de ne pas bénir les mariages des enfants.
De même, au Conseil Économique et Social, le Rapporteur René Ngongo a félicité et remercié le Comité National Femme et développement pour cette initiative qui contribue au développement de la république toute entière. Il s’est engagé à porter le plaidoyer à la hiérarchie pour le bien de tous. « Comme la loi existe déjà, nous pouvons procéder par prendre des engagements par exemple, d’envoyer toutes les filles et les garçons à l’école », a-t-il souhaité.
Stratégies face à ce fléau
En outre, l’équipe du Conafed conduite par la Secrétaire permanente Jeanne Nzuzi Nsamba, s’est entretenue avec Mme Catherine Odimba, Chargée de programme Genre de l’Onufemmes. En tant qu’agence des Nations Unies, il était question de voir ce qu’on peut faire ensemble en termes des stratégies face aux unions précoces des enfants en RDC ; renforcer les idées et les stratégies afin d’atteindre l’objectif de faire voter la loi contre les mariages précoces des enfants en RDC.
« Nous allons vous pousser à contacter les acteurs influents afin de porter haut votre plaidoyer et avoir des résultats concrets », a-t-elle souhaité. Elle a également proposé quelques cibles à contacter. Il s’agit entre autres, de la Première Dame de la RDC, Denise Nyakeru ; les différents ministères ; Mme la Conseillère spéciale du Chef de l’Etat en matière de lutte contre les VBG ; l’UNICEF et autres.
Dans son briefing, sur la mise en œuvre dudit projet, la Secrétaire Permanente du Conafed a indiqué qu’un Plan d’action national (PAN) 2022-2027 a été élaboré. Il a rappelé les différents contacts pris avec la Ministre du Genre, mais sans suite favorable. Aussi, avec les Chefs coutumiers et les églises. « Nous avons collecté les nouveaux éléments dans 13 provinces qui ont permis d’écrire une ébauche du PAN qui nous permettra de faire participer les autres afin de s’en approprier », a-t-elle expliqué. Et d’ajouter : « Nous sollicitons également si vous pouvez nous aider à convoquer une réunion avec les parties prenantes concernées », a-t-elle lancé.
Il sied de signaler que le plaidoyer se poursuit aux ministères de la Justice et Garde des Sceaux ; Genre, Famille et Enfants ; Affaires Sociales ; Enseignement Primaire, Secondaire et Technique ; Formation Professionnelle et autres.
Génie Mulobo